Lors de votre séjour dans un des nombreux gîtes, vous allez rencontrer un village dont l’histoire est riche et dont l’âme reste palpable sur tout son territoire. Peuplé aujourd’hui de 22 résidents permanents, Génat compta, au gré des fluctuations démographiques jusqu’à 370 habitants au milieu du XIXe siècle.. Les déambulations, les promenades, les randonnées et les rencontres avec les habitants vous conduiront à découvrir son patrimoine et ses pans d’histoire.
A une altitude de 940 m, sur le piémont pyrénéen, le village présente la particularité de se situer sur un plateau calcaire karstique entouré de montagnes culminant à 1486 mètres. Sa formation géologique, et les infiltrations d’eau qu’elle occasionne explique la présence de nombreux gouffres, 13 sont actuellement inventoriés, qui font le bonheur des spéléologues. Le départ du premier, et le plus important, se situe sur la route, à deux pas de la mairie, mais n’est accessible qu’aux spéléologues confirmés. Un rocher d’escalade de haut niveau, dans la très belle vallée de La Grangette, fait le bonheur des grimpeurs avertis.
Une vie de château
Très tôt, le site fut occupé par les hommes : les Magdaléniens, les Romains y ont laissé des traces. Au XI ° siècle, Génat faisait partie de la seigneurie de Quié. Celle-ci englobait également les villages de la rive gauche du Vicdessos : Lapège, Alliat, Illier, Orrus, Suc et Sentenac. Génat était le seul à posséder un castrum dont la trace se perd à partir du XIV° siècle. Le castrum a t-il été rasé, hypothèse émise par la médiéviste Annie Cazenave, pour avoir abrité des hérétiques ?
Le catharisme ayant été fort présent dans le Sabarthès, autre dénomination de la vallée du Vicdessos, il est peu probable que Génat y soit resté étranger. Aujourd’hui, seul le nom du lieudit, Le Castel, atteste du passé et le seul château visible en ce lieu est, depuis 1965, le château d’eau qui alimente le village, face à la vallée d’Alliat.

Le site de Castermerle vu depuis Tarascon
Au Nord du plateau, les ruines du château de Castermerle, dominent la vallée de Tarascon. Occupant une situation stratégique, la fortification, dont les soubassements empierrés sont encore nettement visibles, est située sur la commune de Quié ; elle surplombe le bassin de Tarascon jusqu’à Foix. La garnison de Castelmerle pouvait communiquer avec les châteaux de Miramont et du Calames présents sur les sommets de Rabat. Le romancier et historien Adelin Moulis rapporte que « lorsque les troupes de Charlemagne livrèrent bataille aux Sarrasins en 778 près de Tarascon ces derniers s’y étaient retranchés et non loin de là ils avaient établi un campement. »
L’église

L’église et son clocher
Vos déambulations dans le village vous conduiront à l’église, présente sur le territoire depuis 1118. Par son architecture, elle appartient au premier art roman méridional, comme l’atteste son clocher avec sa tour carrée percée sur toutes ses faces « de deux étages de baies géminées », les autres parties ayant été abondamment remaniées au cours des siècles.
La croix du Pech

La croix du Pech
De retour sur la place du village, vous remarquerez un petit promontoire : le Pech, accolé au bâtiment de l’ancienne école qui abrite aujourd’hui la mairie, un gite et une salle des associations ; au sommet du Pech, scellée sur la pierre ronde d’une meule de moulin, se dresse une croix de mission. Avant sa mise en place en 1905, elle fut transportée en triomphe dans le village, dans un contexte sans doute bouillant, celui des débats sur la laïcité et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. D’ailleurs, le curé de Génat, Louis Auriol, s’opposa avec vigueur à l’inventaire, prévu par la loi, des biens de son église : « cette loi est inique, condamnée par Dieu lui-même puisqu’elle a été condamnée par notre Saint Père le Pape » et parce qu’elle constitue « un attentat contre la justice et contre la liberté ».
Un dolmen

Le dolmen de La Plagne
Un peu plus loin du village, sur le plateau, en direction du lieu-dit Saint-Martin, remontez dans l’histoire à la rencontre du dolmen, mégalithe daté de -5000 avant JC. Situé sur une propriété privée au lieudit la Plagne, longtemps utilisé comme stockage de pommes de terre, le monument a été découvert.
Labourage et pâturage

Un pâtre en 1938
L’agropastoralisme a toujours été l’activité principale des villageois. Actuellement l’élevage est encore présent et vous rencontrerez des troupeaux de brebis de race tarasconnaise ou de vaches gasconnes pâturant paisiblement dans les prairies naturelles dont la richesse a été reconnue par le Parc Naturel Régional (PNR) : Joseph Alvès, un de nos éleveurs, a été primé pour la qualité et la diversité des espèces florales présentes sur ses prairies.
Dès le Moyen-Age, le pastoralisme s’est développé sur le plateau. Du XI° siècle au XIV° siècle les moines cisterciens de l’abbaye de Boulbonne près de Mazères, étaient présents dans la magnifique vallée de La Grangette, aux alentours du village.

Les estives de l’abbaye de Boulbonne
Suite aux dons du seigneur de Quié, du comte de Foix et de divers petits seigneurs locaux, cette contrée et ses hauteurs ont constitué les estives de cette abbaye. Elles couvraient alors les crêtes des montagnes depuis La Grangette jusqu’au pic des Trois Seigneurs. Au départ de Génat, plusieurs itinéraires conduiront les marcheurs entraînés sur les traces des troupeaux de l’abbaye : le col de Lastris (1426 m) offre un panorama sur les montagnes dominant la vallée de La Grangette et le Vicdessos. Un peu plus haut, le Pla de Madame (1906 m) permet une vue superbe sur les sommets des Pyrénées ariégeoises, le pic des Trois Seigneurs et le lac d’Artax

Génat en 1900
La pratique de la vaine pâture (encore appelée libre parcours), a permis le développement du pastoralisme, y compris parmi les couches les plus pauvres de la paysannerie génatoise. Il s’agit d’un droit d’usage qui permet de faire paître son bétail sur l’ensemble des terres du territoire, y compris celles dont l’éleveur n’est pas propriétaire pour autant qu’elles ne soient pas cultivées ou que les récoltes aient été effectuées. Cette vaine pâture est définitivement délaissée au village en 1881. Une loi promulguée en 1885 en interdit l’usage en France.
Aujourd’hui, Génat a su conserver cette activité pastorale grâce à la présence d’un plateau de plus de 200 ha. La création d’une association foncière pastorale (AFP) en 1992 a favorisé l’implantation de jeunes éleveurs en regroupant des parcelles extrêmement morcelées. Au contraire de la plupart des villages de la vallée de Vicdessos, le maintien d’éleveurs sur ce riche plateau a permis de préserver un paysage bocager bucolique avec ses prés et prairies entourés de haies de frênes parcourus par plusieurs sentiers et chemins. Au début du XX° siècle, Génat possédait un troupeau de 1000 brebis et d’une centaine de vaches. Progressivement à cause de la dépopulation du village les troupeaux des ovins, demandeurs de soins attentifs, donc de beaucoup de main d’œuvre, ont fortement décru. En 1960 une centaine d’ovins est encore présente pour environ 150 vaches. Aujourd’hui il reste trois éleveurs pour un cheptel de 500 brebis et d’une centaine de vaches.

Scène de moisson
L’activité agricole a pratiquement disparu de nos jours. Mais on peut en déceler les traces sur le plateau : ruines de granges abandonnées, murets de pierre traduisant la pratique de cultures en terrasses… Du Moyen-âge jusqu’aux années 1960 le village a connu une agriculture de subsistance : à la différence de l’élevage qui permettait de gagner de l’argent par la vente des bêtes, du lait, de la laine des ovins, la population de Génat cultivait pour se nourrir. La pratique de la jachère annuelle divisait le territoire en deux parties séparées par le petit, et très ombragé, sentier de La Goffio.
Les céréales, base de l’alimentation au Moyen-âge, étaient grandement présentes sur le plateau très ensoleillé.

Le cantou : la marmite, la poêle à crêpe
Génat a été le premier village de la vallée à implanter la pomme de terre en 1747, après son importation de Prusse. Elle est rapidement devenue la base de l’alimentation. Une marmite était toujours présente au cantou, au coin de la cheminée, alimentée par les légumes de saison, quelques morceaux de cochon ou volaille. Cet ensemble mijotait et donnait une garbure, plat du pauvre, l’azinat dont vous pouvez savourer la version enrichie dans les restaurants de la vallée proposant une cuisine de terroir.
L’agriculture, en liaison avec un pic démographique, connaît son apogée en 1850. A partir de cette date, petit à petit la population va décroître, les Génatois quittant une vie difficile souvent misérable : ces 820 ha de territoire de montagne, aux rendements incertains, devaient faire survivre jusqu’à 370 habitants. Si l’élevage a pu se maintenir, cela n’a pas été le cas de l’agriculture en dépit de l’introduction du tracteur en 1965.
Nous vous laissons découvrir l’ensemble de ces richesses et vous souhaitons un agréable séjour à Génat.
L’Association Patrimoine de Génat